Textes



Les sculptures de Marie Guerrier sont tantôt miniatures, tantôt monumentales, tantôt instruments et outils. Elles semblent toutes en mouvement. D’ailleurs, dès la fabrication toutes les formes le sont. Commençant par une figure géométrique qu’elle découpe, duplique, multiplie, tourne, retourne, assemble, ré-assemble, respectant des règles mathématiques précises, jusqu’à trouver le parfait équilibre entre plein et vide.
Si les formes et contre-formes produites lors de leurs monstrations ne bougent pas, elles semblent tout de même s’apprêter à le faire, espérant parfois être traversées, manipulées, jouées par le spectateur. De la même façon, les miniatures sont faites pour être portées et ainsi mises en mouvement. Alliant métal, bois, béton, céramique et minéraux, elle change de matériaux, d’échelles et de perspective : on regarde parfois au microscope, parfois à la lunette astronomique des œuvres aux noms de constellations. C’est entre un atelier à Bordeaux et un atelier à Eygalières que toutes ses pièces prennent forme. À Bordeaux, Marie cohabite avec deux autres artistes du métal et une batterie d’outils impressionnante. Certains ont été fabriqués sur mesure par l’artiste elle-même pour sa propre production et d'autres sont plus anciens, hérités d’une famille d’artistes sur plusieurs générations, comme la presse ramenée de la Villa Médicis par son arrière-grand-père en 1924, dont Marie se sert pour créer la série d’estampes Ethnies Célestes, évocation des habitants du paysage métallique et rocheux qu’elle construit. L’atelier lui-même est à l’origine un atelier de ferronnerie depuis 1910. Aussi, toute sa production semble en synchronicité avec sa temporalité et sa situation spatiale. Les pièces infiniment grandes et infiniment petites rêvent à être assemblées pour former enfin un écosystème, se compléter et s’animer dans une danse à la manière du système solaire.


Marianne Vieulès, 2022